Aucun pays, aucune institution, aucune organisation ne peut relever seul les défis de la migration

Berne, 13.11.2017 - 3ème Rencontre du Groupe de contact pour la Méditerranée centrale. Discours d'ouverture de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. La parole prononcée fait foi.

Je vous souhaite la bienvenue à notre 3ème rencontre du Groupe de contact pour la Méditerranée centrale. C'est un grand honneur pour la Suisse de la présider.

Les rencontres de Rome et Tunis ont révélé l'importance de se réunir entre Ministres de l'intérieur, dans un format restreint, pour aborder ensemble les défis posés par les mouvements migratoires le long de la route de la Méditerranée centrale. Européens et Africains, nous avons besoin les uns des autres pour comprendre la complexité de cette situation.

Et nous le savons tous : aucun pays, aucune institution, aucune organisation ne peut relever seul les défis de la migration.

Il y a quelques semaines, je me suis rendue au Niger et j'y ai rencontré les représentants des autorités nationales. et la société civile.

Sur un point nous étions tous d'accord: La migration irrégulière, ce n'est bien pour personne, ni pour les demandeurs d'asile ni pour les migrants qui cherchent à améliorer leurs situation économique.

Lors de ma visite au centre de transit pour migrants de l'OIM à Agadez j'ai parlé avec des jeunes migrants qui revenaient de Libye. Leurs récits sont terrifiants.

Ils racontent les coups, la torture. Ils racontent la soif, les viols des hommes et des femmes, le travail forcé. Ils racontent les morts abandonnés dans le désert.

Une véritable tragédie humaine se joue le long de cette route migratoire, vous le savez, pour certains, mieux que moi.
Je suis rentrée du Niger plus convaincue que jamais d'une chose :

La diminution très importante des passages par la voie maritime vers l'Europe doit impérativement s'accompagner d'une amélioration de la protection des migrants en amont. Bien que centrale, cette thématique est toutefois restée en marge des processus internationaux en cours.

Pour avancer, nous avons aussi besoin des organisations internationales comme le HCR, l'OIM et, aujourd'hui pour la première fois avec nous, le CICR. Elles font un travail indispensable et admirable, dans des conditions extrêmement difficiles. Je leur en suis reconnaissante.

Nous, les ministres de l'intérieur, nous savons par expérience à quel point le thème de la migration est difficile en politique. Ce thème est très controversé dans tous les pays, et, en plus : c'est le thème qui est le plus souvent utilisé par les populistes pour diviser la société et pour mettre les gouvernements sous pression contre tout ce qui concerne les étrangers.
C'est pourquoi il est si important que nous soyons réunis ici - Etats africains et Etats européens - et que nous ne nous laissions pas diviser.

Nos devoirs de ministres de l'intérieur sont tout sauf simples.

C'est à nous de veiller à la sécurité des citoyens

de lutter contre le terrorisme,

mais il nous appartient tout autant de faire respecter les droits et les libertés fondamentales des êtres humains, qu'ils soient nos concitoyens ou qu'ils soient migrants.

Nous, ministres de l'intérieur, n'avons pas la prétention de résoudre tous les problèmes par la politique migratoire.

Nous sommes tous conscients qu'une solution politique au conflit libyen est une précondition nécessaire à la stabilisation à long terme des mouvements migratoires vers l'Europe. La Suisse soutient le processus onusien visant à ramener la paix et la stabilité en Libye et s'engage au niveau local dans le domaine de la transformation de conflits.

Mais notre devoir est de répondre à l'urgence. Or l'urgence, aujourd'hui, est d'apporter des réponses à la détresse des femmes, des hommes et des enfants qui se trouvent sur la route et dans les centres de détention, vulnérables, livrés à la loi du plus fort.

Je salue donc notre engagement commun pour trouver des réponses constructives, cohérentes et réalistes à nos problèmes.

Nous avons une responsabilité envers l'humanité.

Lors des précédentes rencontres, nous avons d'ores et déjà pu définir des priorités communes. Le renforcement des capacités des garde-côtes libyens, la protection des migrants en Libye et la gestion des frontières sud du pays restent d'actualité. Je salue les efforts communs entrepris depuis la rencontre de Tunis.

Placer la thématique de la protection des migrants au centre de notre 3ème rencontre était pour moi une priorité et une évidence. J'ai grand espoir que les engagements que nous prendrons aujourd'hui dans le cadre de notre Déclaration commune contribueront à donner le poids nécessaire à cette thématique.

Gérer les migrations - mouvements légitimes et vieux comme le monde - est un défi considérable.

Surtout dans un monde où les inégalités sont criantes.

Surtout dans un monde où des entreprises - qui ont souvent leur siège en Europe, en Suisse aussi - exploitent les richesses de la terre africaine sans que les populations et l'économie locale ne puissent en profiter.

Dans nos pays respectifs, nous devons aussi nous battre pour que ce thème soit enfin pris au sérieux et pour que la lutte commune contre la corruption devienne aussi un thème discuté entre les pays européens et africains. Car il est une des causes profondes des mouvements migratoires.


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